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Channel: l'armoire essentielle
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Fun For Me

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C'est peut-être la conséquence d'avoir été une telle accro du shopping, puis de m'être reprise en main, puis d'avoir fait un milliard de rechutes, et d'en être venue à associer fringues et culpabilité. Ou alors c'est peut-être lié au fait d'avoir tant écrit sur les armoires idéales. Ou d'avoir passé tant d'années à être obsédée par les icônes de mode (ça c'était avant ma détox d'icônes). Ou d'avoir été trop maltraitée par des vendeurs hystériques. Quoiqu'il en soit, le résultat est là : ma love affair avec les vêtements a viré à la rupture sanglante, du genre de ces ruptures où l'on se retrouve à trois heures du matin, avec le mascara qui coule, à hurler au téléphone "plus jamais tu me traiteras comme ça" à un sale type. Et ces derniers temps, c'était un peu ce que j'avais envie de crier à mon placard, le matin, quand m'habiller devenait une séance de doute et torture : "PLUS JAMAIS TU ME TRAITERAS COMME ÇA."

Soudain, je me suis retrouvée à fantasmer sur ma (très lointaine) jeunesse, quand s'habiller voulais dire prendre le premier truc venu à peu près propre sur le sol. Tellement facile. Tellement fun. Cette insouciance me manquait à en crever, je n'en pouvais plus de ce sentiment que me composer une allure le matin était un job, un job pas très marrant. Je voulais être prête en 5 minutes et ne plus me poser de questions.

Il y a quelques semaines, j'ai profité d'un voyage à Londres pour voir ma soeur Laëtitia pour prendre rendez-vous avec Stephanie, de la boutiqueEileen Fisher de Covent Garden. Eileen Fisher est une marque américaine , dont le concept de "Système" basé sur des pièces faciles qui se combinent toutes entre elles m'intriguait depuis un moment. Ca semblait si facile... Quoi, ne pas se torturer pour savoir quoi porter ? Vraiment un truc d'Américains mabouls. Quant à Stephanie, ce fut d'abord une voix sympathique au téléphone, sur qui je tombai par hasard, et qui se révéla, quand j'arrivai à la boutique, comme l'oreille compréhensive qui eut la gentillesse de ne pas mourir de rire quand je lui racontai mes histoires de placard.

Pour dire la vérité, au début, la folle du contrôle que je suis a un peu (beaucoup) paniqué. Laisser une totale inconnue s'occuper de mes vêtements ? Ca va pas la tête ? Mais Stephanie était bel et bien ce qu'il me fallait : une fille pleine de bon sens, dotée de la finesse de Jane Austen, du calme d'un grand maître zen et de l'inébranlable détermination de Winston Churchill. Armée d'un portant de vêtements, elle s'est mise à me proposer des couleurs, des formes, des pièces auxquelles je n'aurais jamais songé. Pour la première fois depuis longtemps, faire des essayages redevenait marrant. Une pièce n'allait pas ? Next, Stephanie passait immédiatement à autre chose, sans remords. En deux heures, nous avons construit une mini garde-robe couvrant tous mes besoins (boulot, dressy, se traîner sur le sol avec mon fiston), composée de deux bas, quelques tops et mailles versatiles, une paire de sandales compensées et un foulard.

De retour à Paris, c'est la réconciliation avec mon placard. Plus que les vêtements, c'est surtout le plaisir d'avoir eu quelqu'un qui me rappelle que "ce ne sont que des vêtements" qui a fait toute la différence. Eh oui, ce sont juste des vêtements (ce qu'on a tendance à oublier quand son métier est d'écrire à ce sujet toute la journée). Je suis heureuse de m'en être rappelée juste à tant pour ne pas mettre le feu à mon dressing et d'avoir - à peu près - retrouvé la décontraction de mes 15 ans, la sagesse (j'espère) en plus, et mon obsession adolescente pour Keanu Reeves en moins.



Maybe it’s the consequence of having been such a compulsive buyer for years, then going through shopping withdrawal, then relapsing (many times), and feeling guilty about it. Or maybe it has to do with writing so much about ideal wardrobes. Or obsessing so much about perfectly dressed people - until I went on icons detox. Or being sick of pushy sales people. In any case, result is this: my love affair with clothes has gone sour, a fact I came to realize recently when I found myself feeling that getting dressed was a drag. All of a sudden, I pined for the carefree days of my youth (a million years ago) when I would pick random clothes on my bedroom floor and declare I was dressed. So easy. So fun. I wanted that teenage insouciance back. I wanted to stop feeling like dressing was a job. I wanted to be able to be ready in 5 minutes in the morning.

So a few weeks ago, taking advantage of a trip to London to visit my sister Laëtitia, I booked an appointment with Stephanie, at the Eileen Fisher shop in Covent Garden. Eileen Fisher is an American brand whose “System” concept of versatile pieces that can all be combined together had intrigued me for a while (for a French person like me, such an efficient concept was so… simple. How could you not torture yourself about what to wear? Crazy Americans!). As for Stephanie, she was at first only a friendly voice on the phone, whom I stumbled upon by chance, and who turned out, when I arrived at the shop, a most patient ear willing to listen to my bad case of clothes fatigue.

At first I wasn’t so sure this was a good idea. Me, the barking mad control freak, letting some absolute stranger take care of my clothes? But turned out Stephanie was what I needed: someone with the cool wit of Jane Austen, the zen of a Buddhist master and the steely determination of Winston Churchill. Armed with a rack filled with clothes, she spent two hours bringing fun back into my wardrobe, making me try on unexpected items, colors that I thought were weird and then looked great on me, and discard many preconceived notions about my style. In the end, we built together a tight wardrobe fitting all my needs (work, dressy, crawling on the floor with my son), with two bottoms, a few casual tops, two knits, a pair of platform sandals and a scarf.

Now I’m back in Paris and dressing is fun again. More than the clothes, it’s the pleasure of having had someone bring back that sense of “it’s only clothes” that made all the different. Yeah, it’s only clothes. I’m glad that I got to remember it and that, like my 15-years old self, I can be back to dressing without a headache and then go on about with my life. And this time, with the – somewhat - adult wisdom brought by the years, and minus the Keanu Reeves crush.

J.A.C. 


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