Je fréquente pas mal les dépôts-ventes. Pas parce que j’aime le vintage, au contraire, ce n’est absolument pas ce que je cherche (ou plus : Jeanne-Aurore et moi avons tout de même écrit Le vintage des paresseuses, jadis…). C'est juste que l’occasion, c’est moins cher que le neuf – CQFD. Quand j’ai décidé, il y a un bail maintenant, d’arrêter la fast-fashion, mes vieux réflexes compulsifs se sont heurtés à un vrai problème de porte-monnaie. En cela, les dépôts-ventes permettent de monter en gamme (et d’y rester !) sans exploser son budget.
Il n’empêche que c’est finalement comme les soldes : le terreau parfait pour l’erreur d’achat. L’attrait de la réduction et de la bonne affaire déclenche souvent le passage à la caisse, plus que le besoin ou l’envie véritable. A cela s’ajoute la crainte que le vêtement, par définition en une taille, un exemplaire, passe sous le nez, si l’on s’offre un temps de réflexion.
Du coup, j’ai quelques vêtements achetés en dépôt-vente, que j’affectionne, parce qu'ils sont objectivement beaux, mais qui me font douter. En même temps, c'est là aussi que j’ai aussi dégoté l’un de mes colliers favoris, plusieurs robes qui me sont indispensables, un manteau que j’ai mis tout l’hiver : des pièces devenues des basiques de ma penderie, et qui, pourtant, possèdent un certain parti-pris mode. Elles sont un peu décalées, un peu osées (pour moi : le collier est XXL, le manteau très oversize…).
Et c’est en réalité ça que j’aime, au-delà du prix, dans les dépôts-ventes : la possibilité de dépasser ses limites fashion, d’oser des vêtements et des accessoires que l’on n’aurait pas osés au prix fort, des marques vers lesquelles on ne va pas d’ordinaire. Du coup, je me demande s’il ne faut pas accepter l’idée que la règle du dépôt-vente, ce soit quelque chose comme « un mal pour un bien » (et que l’on peut toujours revendre… en dépôt-vente, ou en ligne).
Pour illustrer le propos : erreur d’achat… ou pas :
La belle veste d’une belle marque (Carven), d’un beau bleu Klein (PS : je ne porte quasi que du noir), oversize et à manches courtes (ça fait beaucoup) ?
Des sandales sublimes en taille 38 (je fais du 37 ;)) (heureusement, j’ai réussi à les vendre sur Internet) ?
La robe iconique d’une griffe connue pour sa maille multicolore… quand bien même je suis résolument monochrome ?
La capeline d’une maison, Maison Michel précisément, dont le nom me fait rêver, pour moi qui me sens trop consciente et donc paralysée en chapeau ?
La robe The Kooples (alors que je déteste le mercantilisme et le cheap de cette marque) ?
L.G.