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Channel: l'armoire essentielle
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"Single White Female" : capsule wardrobe, identité et chemise chambray

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Trouver son style, c'est un peu voler son style. On se construit avec des images, des icônes. On se fabrique son allure en copiant une mère, une soeur, une amie, une star. Et bien souvent, c'est aussi en faisant tomber ces idoles de leur piédestal que l'on trouve le chemin des vêtements qui nous ressemblent. Et c'est très bien comme ça. "Single White Female" ("Jeune femme partagerait appartement") parle très bien de ça, sous ses dehors de thriller à sensations fortes. Un genre qui, j'ignore pourquoi, a eu une vraie heure de gloire durant les années 90. Sans doute l'effet "Basic Instinct" ? Mais, soyons honnêtes, ce n'est pas vraiment de tout ça que j'ai envie de parler. Ce que je voudrais vraiment dire à propos de ce film, c'est qu'on y trouve une parfaite capsule wardrobe printemps-été.

Je me souviens très bien de la sortie du film, en 1992. Je n'avais pas encore 17 ans, je passais mon bac, je me cherchais, selon la formule consacrée. Un jour je pensais devenir avocate en Angleterre. L'autre écrivain pour enfants. D'autres jours encore je pensais tout plaquer pour aller vivre à Los Angeles et épouser Matt Dillon. Ou Keanu Reeves. Je n'étais pas sûre. Autant dire que ces indécisions se reflétaient dans mes choix vestimentaires, souvent hasardeux. Je portais d'atroces bagues orthodontistes. Des semelles orthopédiques. Des kilts. Je rêvais d'être une autre. C'est sans doute pourquoi, à  l'époque, j'ai surtout été marquée par le personnage de Jennifer Jason Leigh, voleuse du look de Bridget Fonda. Une part de moi comprenait sans doute très bien comment l'envie de devenir une autre, la fille parfaite, idéale, avec tout ce qu'il faut, le bon appart, le bon look, le bon boyfriend, pouvait pousser à bout, jusqu'à la pulsion homicide, pourquoi pas.

En revoyant le film l'autre jour, je m'attendais à replonger dans ce passé. A retrouver cet univers ultra-daté de mes à peine 17 ans. Ce début des nineties donc j'ai gardé un souvenir inconfortable. Ohlàlà, qu'est-ce qu'on s'habillait mal. Ohlàlà, tu te souviens, New Kids On The Block ? Quelle ne fut pas ma surprise en découvrant un film qui avait en lui-même plutôt bien vieilli, mais surtout dont l'esthétique n'avait pas pris une ride. En faisant quelques recherches, je suis tombée sur ce court article, passionnant, expliquant le travail de la costumière Milena Canonero sur ce film. Milena Canonero est une vraie pointure du costume au cinéma et sa filmographie est un who's who des meilleurs films ("Barry Lyndon","Out of Africa", "Les chariots de feu", pour n'en citer que quelques uns). Pour "Single White Female", elle a supervisé non seulement les costumes, mais aussi les décors, couleurs, objets, bref toute la direction artistique. "Je n'essayais pas de refléter la mode d'aujourd'hui, ou celle de l'hiver ou de l'été prochains.  J'essayais surtout d'être en phase avec le film." Une approche atemporelle qui explique sans doute cette garde-robe de Bridget Fonda toujours aussi désirable aujourd'hui.

Une veste souple, une paire de chinos, une paire de jeans, un débardeur noir et une chemise en chambray, des t-shirts blancs, un montre Swatch à bracelet transparent, une ceinture western (celle qu'Hedi Slimane est en train de remettre en vogue pour la saison prochaine - je vous aurai prévenu) : ces quelques éléments qui font des apparitions récurrentes tout au long du film composent une très cohérente armoire de printemps-été. C'est marrant, à 17 ans j'étais trop empêtrée dans mes quêtes identitaires, trop persuadée que le style tenait à des tenues alambiquées et chères que je ne pouvais pas me payer, pour remarquer qu'il suffisait de quelques essentiels pour avoir de l'allure. Au moins, les années m'auront appris cela.


Going back to 1992, Single White Female" and the perfectly streamlined spring/summer capsule wardrobe of Bridget Fonda. Also, very good article on costumer Milena Canonero's work on the movie to be read here.

J.A.C.






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