A l’époque où Jeanne-Aurore et moi étions très dictatoriales, nous écrivions des serments définitifs du type : « La petite robe noire, l’indispensable de tous les placards ». Mais même si aujourd’hui, la petite robe noire reste un classique, un incontournable, un basique, je pense aussi que des tas de filles ne l’aiment pas, qu’on n’est nullement obligée d’en porter, et encore moins d’en posséder – et que l’on peut très bien vivre en jean (par exemple).
Même si personnellement, faites-moi essayer dix robes blanches, bleues, rouges, puis tout d’un coup une robe noire, c’est toujours dans cette dernière que je me sentirai à ma place ! Tout cela pour dire que l’exposition intitulée « Little Black Dress » et présentée au Mona Bismarck American Center (c'est à Paris, près du Trocadéro) jusqu’au 22 septembre me parlait avant-même d’y aller. Elle regroupe une cinquantaine de modèles, sans plus de cérémonies (c’est-à-dire sans explications, sans chronologie, sans classement). La plupart sont récents, une poignée un peu moins. Ils sont signés Chanel (évidemment), Yves Saint Laurent, Givenchy, Alaïa (re-évidemment), mais aussi Comme des Garçons, Prabal Gurung, L’Wren Scott ou Tom Ford. Il y a même un plissé Fortuny de 1907, qui semble d’ailleurs nettement plus actuel qu’une création Chanel à boutons dorés datant de 1990 !
Les robes ont été choisies par André Leon Talley, l’excentrique collaborateur du Vogue américain, qui, justement, a poussé l’excentricité… jusque dans le choix de glisser ça et là autre chose que des « LBDs » : un manteau gris Prada, ou une jupe rouge Oscar de la Renta. Comme je m’en étonnais, un guide m’a expliqué sur un ton assez hautain (comme si je n’y comprenais vraiment rien) que le commissaire d’exposition (André, donc) avait voulu rendre hommage à ces pièces iconiques, faciles à enfiler, dans la mouvance de la petite robe noire… Je n’ai pas trouvé l’explication convaincante pour deux sous. Peu importe : malgré les incohérences, malgré l’absence totale de mise en perspective, malgré, en fait, un vrai regard de commissaire d’exposition, cette collection de little black dresses se contemple comme une armoire idéale. Une suite d’indispensables – ou pas !
The little black dress is eternal… as shown in an exhibition (simply named “Little Black Dress) at the Mona Bismarck American Center in Paris. From Fortuny to Alaïa and from Chanel to Comme des Garçons, Prabal Gurung or L’Wren Scott, it shows fifty models or so, chosen by Andre Leon Talley. As Coco Chanel once said : « Sheherazade is easy, little black dress is difficult »…
L.G.