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Channel: l'armoire essentielle
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Comment Laure a revisité mon armoire

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Avant

Quand vous êtes le nez dans le guidon d’un projet, vous pouvez manquer de recul. Cela m’arrive souvent avec mes textes, que j’aime laisser reposer le temps d’une nuit de réflexion et reprendre le matin, à tête reposée. Soudain, les erreurs ou tournures de phrase alambiquées que j’avais laissées passer la veille me sautent aux yeux dans toute leur horreur. Avec mon armoire, plus dur de faire les choses à tête reposée. Je suis une « serial trieuse », qui a passé des années à faire autant d’erreurs d’achats que de tri, me séparant à de nombreuses reprises de vêtements que j’ai ensuite regrettés,  puis parfois cherché à racheter sous une forme différente, souvent pour m’en séparer ensuite. Vous connaissez cette phrase, d’Einstein je crois, qui définit la folie comme l’acte de répéter encore et encore la même erreur ?

Ces six derniers mois, j’ai endigué la folie, grâce à mon projet « armoire 2.0 ». Mais, restait une pile de vêtements – à garder ? donner ? modifier ? – à propos desquels je me sentais capable d’erreurs de jugement maousse. Bien sûr, quand il s’agit de porter mon regard sur l’armoire d’une autre, aucun problème de lucidité, et c’est ainsi que j’ai aidé Laure à composer la garde-robe essentielle de son grand départ à Los Angeles. Si le but de la manœuvre était de l’inspirer, elle, c’est moi qui suis ressortie de notre session avec une envie : et si je confiais au bon sens terrien de Laure le soin de faire le tri dans ma « boîte noire » de doutes vestimentaires ?

Pendant

Quand Laure débarque chez moi, je me demande d’ailleurs pourquoi l’idée ne m’est pas venue plus tôt. En quinze ans d’amitié, j’ai pu prendre la mesure de son jugement serein. Mais peut-être est-ce seulement maintenant que j’entretiens un rapport apaisé avec mon armoire que je suis prête à suivre son bon sens ? Mais trêve de Freud à deux balles, Laure, comme à son habitude, plonge dans le vif du sujet.

• Nous commençons par une ribambelle de tops en lin. Ils sont jolis, faciles à vivre, mais je n'en ai pas envie en ce moment. La suggestion de Laure : les délocaliser en vacances et, en attendant, les mettre de côté dans une boîte spéciale « voyage », avec mon maillot de bain, mon paréo, etc.  J’adore l’idée d’avoir des essentiels à redécouvrir au moment de faire une valise et qui ne me manqueront pas s'ils s'abiment ou se perdent. 
• Nous passons à ma collection de pantalons noirs. Dire que j’ai diagnostiqué à mon amie une obsession des robes sombres... Laure aligne les solutions. Le pantalon taille  haute porté et reporté que je voulais transformer en short ? « Le short, ça ne s’improvise pas ! ». Mais le pantalon, beau, en bel état, est à garder dans une boîte le temps de sembler à nouveau frais. Le skinny que je pensais potable ? Trop fané, trop moulax, bon pour la benne à recycler. En revanche, un jean court et un slack  enthousiasment Laure : avec un haut simple, une veste et des sandales, ils seraient parfaits. Voilà résolue, en un instant, ma quête de panoplie pour les occasions chics !
• Puis je dis adieu à deux chemises que je pensais encore mettables, après que Laure m’ait fait remarquer, avec tact, des taches irrattrapables. 
• Mais le jean blanc - que je voulais transformer en short lui aussi ! - sera très bien dans la boîte « voyage ».
Last but not least, une jupe longue noire en jersey. Là, Laure valide enfin mon idée de retouche et mon projet d’en faire une jupe sous le genou. Yes ! Et elle me suggère de la porter avec un haut rentré dedans, ce qui, à ma grande surprise, est très flatteur.

L’inspection est finie, je me sens totalement en accord avec les choix de Laure. Ce qui doit être mis de côté est rangé dans la boîte appropriée. Les deux pantalons noirs « rescapés» sont mis sur cintre, la jupe est en partance pour le retoucheur. Je ressens la sensation joyeuse des shoppings réussis… sauf que je n’ai pas déboursé un cent.

Après

J’attends toujours avec impatience le retour de ma jupe chez le retoucheur. En attendant, je savoure le travail accompli. J'ai adopté l’idée de la boîte « vacances » qui donne la sensation d’avoir des vêtements tout prêts et frais à attraper au moment d’un départ, tout comme le fait de rentrer plus systématiquement les hauts dans mes jupes ou pantalons (qui aurait cru que j'avais une taille à mettre en valeur ?). J’adore aussi la boîte « freezer », où donner le temps de se rafraîchir à un vêtement qu’on a trop mis, mais qu’il serait idiot de donner. Enfin, un jour où je dois assister à un événement un peu formel, j’enfile automatiquement une des tenues suggérées par Laure : le jean court noir qu’elle m’a fait aimer à nouveau, un t-shirt blanc, des sandales, un blazer. Résultat, je me sens à l’aise tout en ayant fait un effort. Mais le plus précieux de l'expérience, c’est d’avoir eu la sensation de m’approprier un peu de ce regard assuré et mesuré que Laure porte sur toute chose, du dernier film qu’elle a vu à la vague du no gluten. Du coup, je prévois déjà ma prochaine session avec elle… par Skype.

J.A.C.


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