Josh Charles dans "Bird People" de Pascale Ferran |
Josh. C'est parfait, ça, comme prénom de "boy next door", non ? Ni trop niais, ni trop bouseux, ni trop exotique. Un prénom qui passe sur la langue avec facilité. Trop lisse ? Il faut se méfier de l'eau qui dort. Dans mes premières envolées lyriques d'adolescente, j'ai fait la connaissance de Josh. Il faisait partie de l'escouade de jeunes espoirs masculins formant "Le cercle des poètes disparus". Dans mon lycée, où je m'ennuyais ferme et rêvais d'exaltations romanesques, nous ne parlions plus que de ça, de ce film que l'on trouvait "vachement juste". Avec mon amie Antoinette nous sommes allées au moins le voir trois ou quatre fois. On se répétait les dialogues par coeur. On inscrivait "Carpe Diem" au Tip-Ex sur son sac à dos Eastpak. Je me souviens encore d'une dispute épique avec ma mère qui avait, elle, trouvé le film "démago". J'ai je crois quitté la pièce en claquant la porte et balançant un "Mais tu comprend vraiment rien" meurtri. Au fond, ma mère avait dû très bien comprendre que ce qui me plaisait dans ce film, c'étaient tous ces beaux gosses dans leur pensionnat posh. En somme, j'en pinçais pour Josh.
Après, Josh et moi nous sommes perdus de vue, mais avec lui était née ma conviction que les garçons sans histoires sont les plus passionnants. Ceux qui ont le plus à révéler. Ceux qui vont surprendre. Ceux qui vont savoir aimer. Josh m'a épargnée du mythe du bad boy. J'avais envie qu'on me traite bien, pas de courir après un bourreau des coeurs. Il y a quelques temps, j'ai revu Josh. Dans une série que j'aime profondément pour sa manière d'être majeure sans la ramener : "En analyse". Josh y était la moitié d'un couple en pleine crise, se délitant sous le regard velours de Gabriel Byrne. Bel endroit pour des retrouvailles et la redécouverte de son charme discret, durable. L'eau qui dort, encore. Mon crush était réactivé, j'ai enchaîné sur une autre série classieuse s, "The Good Wife". Josh y était tel qu'en lui-même. Epatant.
Vous voyez où je veux en venir ? Oui, j'ai vu "Bird People" de Pascale Ferran. Oui, ce film m'a prise à revers avec sa narration éparpillée et bizarre, ses allers-retours, et m'a fait m'envoler, à tous les sens du terme. Mais, surtout, avec sa manière de capter ses protagonistes pour ne jamais les lâcher, il m'a rappelé à quel point c'est poignant de retrouver un visage que l'on suit depuis des années, un visage familier, qu'on a aimé ailleurs, et de le retrouver mis à nu, cru, traversé d'émotions, vieilli (embelli ?) par les années. Josh dans sa chambre d'hôtel en bordure d'aéroport, entre burn-out, décalage horaire et ultra-moderne solitude, ce sera donc une de mes plus belles images de l'année (avec celle-ci, bien sûr). Le rappel aussi que ce sont souvent ceux qui font le moins de bruit qui nous touchent le plus.
J.A.C.