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Channel: l'armoire essentielle
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Icône toi-même !

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J’en aurais passé des années à être spectatrice des autres. Aimantée par leur chic, leur classe, leur allure, leurs tics vestimentaire. Est-ce comme cela que l’on passe à côté de soi ? C’est la question que je me suis posée il y a un an et qui m’a menée à opérer une « détox d’icônes ». Adieu donc beaux livres, papier glacé et classeurs d’inspiration réels et virtuels. Passée l’ivresse de la libération, j’ai fait un premier bilan en demi-teinte. Dur de faire la peau aux images quand on les a dans la peau. Dur de faire abstraction des idoles quand son métier consiste à s’en nourrir. C’est un peu comme tenter d’arrêter de boire tout en travaillant dans une distillerie de whisky.

Malgré tout, ma détox a suivi son cours. Avec des rechutes, des pages découpées et fichiers jpeg s’insinuant à nouveaux dans mon ordinateur, mes classeurs. Le plus souvent, pourtant, j’ai fini par jeter ou effacer ces images fraîchement recueillies. En avais-je moins besoin qu’avant ? Peut-être. Et puis, pour dire la vérité, je me sentais moins seule avec mon addiction. Je voyais que mon billet sur le sujet avait trouvé de l’écho chez d’autres (merci Balibulle !), jusqu’à des amis qui m’en parlaient.

Et aujourd’hui, un an après, où en suis-je ? Je ne vais pas mentir, je consomme encore beaucoup trop d’images. Mais, et cela fait pour moi une grande différence, je le fais en connaissance de cause. Tout comme avec la prise de conscience de ma surconsommation de vêtements il y a quelques années, je vois bien aujourd’hui que cette compilation effrénée d’icônes, de silhouettes, est un moyen de combler – quoi ? un vide ? une inquiétude ? une peur de ne pas être assez bien, à la hauteur ? A la hauteur de quoi, d’ailleurs ?

Voilà peut-être ce que j’ai retiré de plus précieux de cette détox : la certitude que j’en avais assez de sauter sur place afin d’atteindre un impossible piédestal. Et j’ai commencé à utiliser les images de manière différente, utilitaire. En me disant que si je bloquais sur un portrait de Sade, c’était peut-être aussi parce que je rêvais de me racheter un 501 (ce que j’ai fait). Ou que si j’avais ré-enregistré une certaine série mode d’un « Vogue » sur mon ordi, c’est parce que je rêve de trouver enfin mon parfait col roulé hivernal. Bref, de désirs identitaires inaccessibles, j’ai commencé à faire une wish-list pragmatique.

Et puis, corrélat un peu « Narcissa » - mais je crois que tenir un blog à la première personne classe d’emblée et dans les grandes largeurs dans la catégorie « Narcissa » -, j’ai eu envie à nouveau de me regarder. De m’inspirer… moi-même. Comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même (encore une phrase de Narcissa), je me suis inspirée d’un conseil de notre « to-do list dressing » et me suis replongée dans mes archives photos. Un voyage dans le temps pas inintéressant. Les jeans droits, les chemises blanches, les cols roulés, tous ces trucs que j’admirais sur les instantanés d’autres femmes, ils sont là, sur ces clichés de moi. J’y ai trouvé aussi des touches de fantaisie (un foulard imprimé, une chemise colorée) qui m’ont donné envie de renouer avec ce « moi » plus pop. Au fond, je sais depuis toujours ce que j’aime, ce que je cherche. Il est juste temps d’arrêter de regarder ailleurs pour pouvoir m’en rendre compte.

J.A.C.



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