Un jour, j’ai décidé d’arrêter de croire au cheap & chic, celui qu’on nous prône pour nous vendre la fast-fashion. Ça a été l’addition de plein de choses : croiser dans ma ville, ailleurs, à l’étranger, partout, des filles portant « ma » jupe, « mon » haut ; faire des queues hallucinantes devant les cabines, puis à la caisse, en essayant de faire taire la petite voix qui me susurrait : « Es-tu sûre d’avoir réellement besoin de ça ? » ; réfléchir au coût écologique et social des t-shirts à 5 euros, des milliers de jeans délavés, et des tonnes de fringues à transporter en bateau, en avion, en camion ; constater que ma garde-robe, aussi volumineuse était-elle, me faisait autant rêver qu’un tas de chiffons ; d’ailleurs, passer toute une soirée, chaque saison, à trier, et à bazarder, tellement je ne tenais à rien dans tout ça.
Je n’ai jamais réussi à construire une armoire qui me plaise vraiment avec de la fast-fashion. Pas plus que je ne me suis déjà dit en feuilletant un magazine, « Oh my God, je rêve d’être Daria Werbowy dans la pub H&M », alors que je fantasme très facilement sur une pub Stella McCartney ;) Il n’empêche que j’ai souvent la tentation de la rechute. Je passe devant un H&M ou un Zara et je songe : « C’est snob de bouder ces marques, des millions de filles y achètent. » En général, les lumières crues me dissuadent et me font rebrousser chemin au bout de trois mètres. Mais tout de même, je m’interroge. Dois-je réévaluer le cheap ?
Il y a quelques semaines, je suis allée, accompagnée de Jeanne-Aurore (mon garde-fou, veillant à ce que je ne craque pas sur n’importe quoi), chez & Other Stories. Je cherchais un petit sac à main pour les vacances : je ne voulais pas le payer trop cher, car il serait peut-être soumis à rude épreuve, mais je n’avais pas envie non plus d’en faire un achat éphémère. Après avoir essayé à peu près tous ceux de la boutique, j’en ai choisi un, que je trouvais beau et bien fait. Il y avait juste un détail bizarre, c’était une chaîne cloutée à accrocher au poignet pour le porter comme une pochette sans risquer de se le faire voler, mais je l’ai retirée et je l’ai donnée à ma fille afin qu’elle en fasse une laisse pour son chien en peluche ;) Bref, j’ai adoré ce sac, très pratique, très chic, et je me suis dit que je devrais peut-être réviser mon jugement sur la fast-fashion. Que le problème n’était peut-être pas lié aux produits eux-mêmes, mais à moi qui n’avais jamais su faire des choix raisonnables et éclairés.
Mais en vacances, j’ai constaté, au bout de dix jours, que si le sac était toujours aussi pratique, aussi chic, la bandoulière, elle, s’était prématurément abîmée. La preuve qu’il n’y a pas de miracle ? Que la fast-fashion a pour vocation de rester en mode fast ? Vous me direz : les problèmes de ce genre, ça arrive aussi avec des sacs chers. Et à l’inverse, mon porte-monnaie & Other Stories tient toujours merveilleusement le coup. Alors…
One day, I just stopped believing in the “Cheap & chic” fast-fashion myth. The main reason: while classier brands make me dream, fast-fashion never does… But I’m not 100% sure of my position, sometimes I think I should stop being a snob and start to reevaluate brands like H&M and Zara. The other day, I bought a cute and nicely made handbag at & Other Stories (from the H&M group). I was very happy with myself and thought maybe fast-fashion was not so bad. But then after only two weeks the strap started to show signs of fatigue. Well, maybe the point of fast-fashion is to be really really fast after all…
L.G.