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Channel: l'armoire essentielle
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"Elizabethtown", le parfait imparfait

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La quête de la perfection est fatiguante. Film parfait. Musique parfaite. Vêtement parfait. Nous cherchons tous à nous fabriquer, à travers nos armoires, nos goûts, nos choix, une armure invincible qui projetterait de nous l'image idéale. "Regardez, regardez je n 'ai pas de faille !" Cette recherche sans fin d'un idéal de soi, nous le poursuivons tous, à notre manière. Du nerd et sa filmothèque idéale au kéké à grosse voiture de sport, à l'acheteuse compulsive qui s'endette pour acheter des Louboutin, nous construisons tous nos signes extérieurs de force, pour mieux masquer nos failles et faiblesses. C'est idiot, c'est humain, c'est touchant. C'est quand nous nous laissons aller à avouer que nous sommes cabossés, malgré nos to-do lists, notre jean idéal, nos lunettes de soleil de marque, que la vie peut prendre ses droits.

"Elizabethtown" (2005) de Cameron Crowe (je choisis délibérément d'ignorer l'épouvantable titre français, "Rencontre à Elizabethtown"), n'est certainement pas un film avec lequel frimer dans les dîners en ville. Ce n'est peut-être même pas un bon film, en tout cas certainement pas un film parfait, qui se retrouvera dans une de ces listes des "100 films qu'il faut avoir vu avant de mourir" (entre parenthèses ces listes m'angoissent énormément, mais c'est une autre histoire). Mais c'est un film qui, -comme le garçon dont on a déclaré qu'il n'était pas son genre et dont on tombe éperdument amoureuse, ou le vêtement bizarre sur le portant et qui nous fait une allure géniale - vous séduit malgré vous. Un peu à la manière dont le personnage de Kirsten Dunst fait peu à peu craquer un Orlando Bloom récalcitrant au gré d'une scène de drague par téléphones interposés absolument fondante. On commence à prendre le film de haut ("quoi, moi aimer un film dans lequel Susan Sarandon fait des claquettes à un enterrement ?"), par prendre les personnages de haut, et puis petit à petit, les défenses tombent, le charme brinquebalant de l'histoire fait son effet, et la garde-robe au minimalisme mal coiffé de Kirsten Dunst, comme composée à la hâte de vêtements piochés sur un canapé, semble soudain le comble de la perfection, justement parce qu'elle n'est pas trop pensée, parce qu'elle est spontanée, comme dans ces moments où la vie vous prend à revers et vous force à jeter tous vos a priori, théories et références par la fenêtre. Le charme c'est ça, un truc décontracté, un truc qui arrive quand on ne le cherche pas, un truc chouette et indispensable. Un truc vraiment désirable, bien plus désirable que la perfection.

The quest for perfection is exhausting. Perfect movies, clothes, music: we all strive to project this image of ourselves as ideal beings with the best of tastes and silhouette and life. Through our clothes and choices and playlists, we want the world to believe that we have it all together, that there is nothing wrong with us. "Look, look, I'm not a failure!" This endless search for our perfect self, we all, in a way, conduct it. From the nerd building his perfect collection of Criterion DVD, to the yuppie and his big sports car to the shopping addict getting in debt to get her Louboutins, we all try and build our little exteriors signs of strength, so to better mask our moments of doubts and failure. It's stupid, it's human, it's endearing and touching. It's when we let go of the to-do lists, the perfectly fitting jeans and designers shades, that life can actually happen and be fun, interesting and surprising.

So "Elizabethtown" (2005) is not one of those perfect movies that makes you look cool for liking it. It's not perfect, it may not even be good, but just like the guy about whom you said that "he was not my type" and ends up being the love of your life, or the dress that looks weird on the hanger and gives you great style once it sits on your body, it grows on you, and ends up touching you in unexpected ways. A bit in the manner that Kirsten Dunst wins over a very reluctant Orlando Bloom via a sweet as hell telephone conversation. You start looking down at this movie, all high and mighty, thinking, there is no way in hell that I'm going to like a movie that has (spoiler alert) Susan Sarandon tap dancing at a funeral. But then, you let go, you let the movie and the character's imperfect charm win you over, and suddenly Kirsten Dunst's haphazard wardrobe, that seems assembled from stuff found on her couch, seems like the epitome of perfection, specifically because it's spontaneous and un-intellectualized, just like love and life should be, just like those moments when you throw out all your beliefs, and theories and ideal playlists out of the window. Which is what I feel like doing right now.

J.A.C.




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